Médecin angiologue de 65 ans, le député s’est rendu vers 11H45 au domicile thionvillois de Karine A., 46 ans, "où il a commis l’irréparable", a précisé une source proche de l’enquête. Après avoir tué sa compagne - qui était sur le point de le quitter - avec un pistolet automatique au cours d’une dispute, il a retourné son arme contre lui et s’est donné la mort d’une balle dans la tempe, a-t-on précisé de même source. "J’ai entendu crier et j’ai vu une femme sortir sur le balcon" de l’appartement, a raconté un voisin retraité, René Rio, 60 ans. "Il l’a battue pendant au moins dix minutes", puis "il lui a tiré à bout portant dans la tête", a ajouté le témoin.
"Lorsqu’elle s’est effondrée, il a reculé et a disparu dans l’appartement. Là, j’ai entendu un +Pan !+. Au même moment, la police, qui avait été prévenue, débouchait dans la rue", a précisé M. Rio. Selon plusieurs proches, Jean-Marie Demange était "très perturbé" depuis qu’en mars il avait perdu la mairie de Thionville, ville de 47.000 habitants du nord du département qu’il dirigeait depuis 1995. Au 2e tour, la 2e ville de Moselle avait été conquise par le socialiste Bertrand Mertz, avec 51,5% des voix. "Je suis bouleversé par ce drame humain", a réagi M. Mertz. "Il avait été très affecté par la perte de la mairie qu’il vivait, douloureusement, comme un échec personnel", a indiqué François Grosdidier, président de l’UMP départementale et lui-même député de la 1ère circonscription.
Le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, a exprimé "son émotion" après le double drame. Jean-Marie Demange, qui était en instance de divorce, "avait eu du mal à se remettre d’un échec aux municipales à Thionville et, visiblement, ça l’avait beaucoup affecté", a jugé Dominique Paillé, porte-parole de l’UMP interrogé par la chaîne de télévision i-Télé. "C’est une défaite très lourde pour un homme comme moi qui fut si longtemps dans l’action. Elle laisse un grand vide, un très grand vide", avait déclaré à propos de son échec aux municipales l’ex-maire, lors d’un entretien accordé en octobre à l’hebdomadaire Le Point. "J’ai trop cru en mon bilan. Autour de moi, personne ne pensait que je pouvais perdre.
Cette situation est la plus dangereuse (car) l’électorat se démobilise", avait-il ajouté. Né le 23 juillet 1943 à Toulouse, Jean-Marie Demange avait été élu pour la première fois à la députation en 1986, sous l’étiquette RPR. Depuis, il avait été réélu à chaque fois, dont la dernière en juin 2007 avec 56% des suffrages. Il siégeait à la commission des Affaires étrangères du Palais-Bourbon et était notamment membre du groupe d’études sur les énergies. Sa suppléante Anne Grommerch lui succèdera à l’Assemblée nationale. En mai 1993, Pierre Bérégovoy était mort un mois après avoir quitté Matignon et retrouvé son siège de député (PS) de la Nièvre. L’enquête de police avait conclu à un suicide. En avril 1977, le député-maire UDR (futur RPR) de Sainte-Maxime (Var), Aymeric Simon-Lorière, alors benjamin de l’Assemblée nationale, s’était suicidé à l’âge de 32 ans aux abords du Palais-Bourbon. Source : AFP, 18 novembre 2008