Une gazelle noire, s’est muée en parfaite "tcha-tcho"
Bernard affirme que lorsque dans le hall de l’aéroport sa femme venue l’accueillir s’est avancée vers lui, il a hésité quelques secondes avant de la prendre dans ses bras. Celle qui venait vers lui n’était plus tout à fait son épouse. La taille et les traits sont bien d’elle ; mais le teint. . .
L’épouse qu’il a laissée à Ouaga était d’un teint noir presque foncé, de ce teint d’ébène chanté par les poètes. Près de 3 ans d’absence et c’est une femme blanche qu’il retrouve. Le surlendemain de son retour, Bernard lui posa la question sur le sens de cette mutation pour ne pas dire cette mue. A son ton, son épouse comprit immédiatement qu’elle était carrément passée à côté de l’effet escompté. Pour enfoncer le clou, Bernard lui demanda si elle avait un amant qui lui aurait commandé de changer de teint. Balbutiements de madame qui jura qu’elle l’avait fait pour lui plaire.
Cette réponse fâcha le mari qui lui répondit à peu près ceci : « quand je t’épousais, tu étais noire comme du charbon de bois mais c’est pour cela justement qu’aujourd’hui tu es mon épouse. . .Si je voulais une femme claire je l’aurais choisie et voilà tu es là arrêtée avec une couleur que je ne connais pas et plus grave, les produits que tu emploies sentent mauvais ; on dirait que tu t’es arrosée d’insecticide. »
Les sanglots que son épouse laissa sortir n’attendrirent pas notre homme qui lui ordonna d’arrêter immédiatement ce processus de blanchiment ou d’aller rejoindre l’homme qui l’avait si honteusement conseillé. Et pour mieux se faire comprendre, il jura qu’il n’aurait plus à faire à elle d’aucune manière que ce soit tant qu’elle n’aura pas retrouvé son teint d’origine.
Et du jour au lendemain, madame arrêta l’emploi des éclaircissants ... et bonjour les dégâts ! La peau de madame ne retrouva pas son beau noir lisse et uni. Telle une carte de géographie, le noir côtoyait le rouge qui faisait la concurrence au rouge argile mal cuit qui semblait se rire de ces parties noires brûlées. Des rides lui étaient apparus et ses bras étaient constellés de boutons et points plus ou moins noirs.
Madame souffrait doublement dans sa fierté et dans sa peau qui véritablement était devenue un cas médical. C’est surtout à cause de cette souffrance physique que Bernard l’aida à supporter les frais de sa réincarnation, de son retour au noir, un noir oh ! combien imparfait car aujourd’hui madame à de petites plaques foncées au visage et au cou, stigmates d’une "toubabouisation" manquée.
Quant à Bernard, il se dit rassuré que son épouse ne tentera plus jamais cette dangereuse expérience car quand le crapaud par malchance tombe dans de l’eau chaude, il fait attention même à l’eau glacée. Source : L’Essor