La chancelière fédérale Angela Merkel a fermement condamné l’agression brutale commise contre des citoyens d’origine indienne à Mügeln, en Saxe, une petite ville de l’est de l’Allemagne. Elle s’est montrée profondément choquée par la brutalité des agresseurs. Par ailleurs, Mme Merkel a lancé un appel à faire montre de davantage de courage civique, la société tout entière étant à son avis interpellée quand des personnes sont attaquées.

Ce week-end, une cinquantaine de jeunes s’étaient attaqués dans la bourgade de Mügeln à huit Indiens qu’ils avaient pourchassés à travers la ville en scandant des slogans d’extrême droite et en proférant des insultes xénophobes. Mis à part ces huit personnes, six autres avaient été blessées.

Lors de la réunion du Conseil des ministres fédéral, la chancelière a qualifié cet incident de profondément affligeant et honteux. C’est ce qu’a relaté le porte-parole adjoint du gouvernement fédéral, Thomas Steg, mercredi à l’issue de cette réunion.

"La chancelière fédérale a dit clairement au nom du gouvernement fédéral qu’il était intolérable et inacceptable que, dans des villes allemandes, des citoyens soient chassés ou poursuivis puis battus", a déclaré M. Steg. Les autorités compétentes vont devoir faire aussi rapidement que possible toute la lumière sur cette agression.

Ce qui s’est produit à Mügeln ne préoccupe pas que les habitants de notre pays, a constaté M. Steg. À l’étranger, cet incident est également suivi de près. Les réactions communiquées au ministère fédéral des Affaires étrangères montrent, a-t-il ajouté, que des incidents de ce genre portent ombrage à l’image de l’Allemagne dans le monde.

Mme Merkel : chacun doit se sentir interpellé

À la demande de la chancelière, la ministre fédérale de la Famille, des Personnes âgées, de la Femme et de la Jeunesse, Ursula von der Leyen, présentera demain un rapport sur les programmes actuels contre l’extrémisme de droite. Dans ce domaine, des priorités nouvelles ont été régulièrement fixées au cours des dernières années.

Le Conseil des ministres fédéral veut ensuite relancer le débat sur ces programmes. Cependant, Mme Merkel a signalé sans équivoque que la lutte contre l’extrémisme de droite ne saurait être réduite à une question d’argent, a poursuivi M. Steg.

"Il est aussi et surtout de la responsabilité de chacun d’intervenir dans de telles situations, de s’y opposer et de se révolter, et donc de faire preuve de courage civique et de pratiquer une culture de la tolérance dans la cohabitation de différentes cultures et de personnes différentes", a fait remarquer le porte-parole adjoint du gouvernement. Nul n’a le droit de détourner les yeux, tout le monde doit agir, que ce soit au travail, dans les milieux associatifs, en public, dans les villages au même titre que dans les villes.

Wolfgang Tiefensee : un règlement rapide sans minimisation

Tout de suite après l’incident, le ministre fédéral Wolfgang Tiefensee avait qualifié l’agression d’insupportable. Il avait dit considérer comme inacceptable que des compatriotes d’origine étrangère soient poursuivis dans une ville allemande par une foule haineuse et qu’ils aient à craindre pour leur vie. Il avait également plaidé pour que cette affaire soit rapidement élucidée, sans chercher à la relativiser ni à minimiser les responsabilités, tout en insistant sur le fait qu’il ne fallait pas pour autant tirer de conclusions hâtives, étant donné qu’il n’était pas encore prouvé que les agresseurs soient des néonazis.

Par ailleurs, M. Tiefensee avait exhorté les habitants de l’est de l’Allemagne à faire preuve de davantage de courage civique. Il leur avait rappelé avec quel courage ils "avaient balayé tout un régime dans les années 1989/1990", tout en précisant que ces appels au civisme ne devaient pas être compris comme une condamnation de tout l’est du pays, mais qu’il ne fallait pas que des slogans "pareils à ceux des années 1939 à 1945" redeviennent de bon ton en Allemagne. Des projets comme "Jugend für Vielfalt" (Les jeunes se mobilisent pour la diversité) et "Soziale Stadt" (Ville sociale) soutenus financièrement par la Fédération y contribuent, avait-il conclu. Source : opigf, 23 août 2007