Coulibaly, le son de l’hallali

"Beaucoup disent qu’il est la star du tournoi et c’est compréhensible, mais pour moi, le mérite revient avant tout à l’équipe. C’est notre collectif qui nous a permis d’obtenir un tel résultat face au Brésil", affirmait le sélectionneur Alain Gouaméné à l’issue du mémorable match nul 3:3 de la Côte d’Ivoire contre la Canarinha, en clôture du Groupe F. Pas difficile de deviner à qui le technicien faisait allusion : il s’agit bien entendu de Souleymane Coulibaly, devenu la terreur des gardiens depuis son arrivée sur le sol mexicain.

À lui seul, le jeune attaquant a inscrit huit buts en trois matches, soit une moyenne de 2,66 réalisations par rencontre, presque autant que la moyenne de buts globale de la compétition, qui s’élève à 2,72 unités. Coulibaly a marqué tous les buts des Éléphanteaux, avec un triplé et un quadruplé à la clé. Ses plus proches poursuivants au classement des artificiers, le Brésilien Ademílson, le Néo-Zélandais Stephen Carmichael et le Français Yassine Benzia, affichent seulement trois unités au compteur. Alors que la deuxième phase ne fait que commencer, l’Ivoirien pointe à une longueur seulement du record de la compétition, établi par le Français Florent Sinama Pongolle en 2001 : neuf réalisations dont sept en phase de groupes.

Protéger le bijou "Si une équipe veut gagner, il faut que tous ses membres aillent dans la même direction. C’est le message que je veux transmettre à mes joueurs en vue du match de jeudi. On ne peut pas toujours s’en remettre à Souleymane", explique le technicien. On comprend tout à fait son point de vue. Alain Gouaméné ne peut pas se permettre de dévaloriser un collectif d’une telle qualité au profit d’un seul joueur, tout comme il aurait tort de placer le destin de la Côte d’Ivoire entre les mains du joueur de Sienne, qui fêtera ses 17 ans le 26 décembre prochain.

Chez les U-17, le rôle d’un sélectionneur va souvent bien plus loin que celui de simple stratège. C’est aussi le professeur, le tuteur et le référent. Il est donc bien naturel que Gouaméné cherche à protéger son poulain face aux attentes démesurées dont ce dernier pourrait faire l’objet. "N’oublions pas que ce garçon n’a que 17 ans, et que le tournoi n’est même pas terminé", relativise-t-il.

À mesure que Souleymane enfile les buts comme des perles, il devient toutefois de plus en plus difficile de freiner l’effervescence qui se crée autour de lui. Et ce n’est pas Gouaméné qui ira lui demander de diminuer son rendement. Pour l’heure, Coulibaly a marqué dans toutes les positions, sauf de la tête. Il a marqué sur penalty, du pied gauche, dont un véritable missile face au Brésil, mais aussi de l’intérieur du pied, de l’extérieur, sur action individuelle, en reprenant un ballon dévié ou encore après un service dans la surface.

Il marque les buts et les esprits Le dernier but en date est peut-être le plus beau : un retourné acrobatique face au Brésil après un cafouillage sur corner (voir les liens dans la colonne de droite pour visionner tous les buts de Coulibaly).

Inviolée après ses deux premiers matches face au Danemark et à l’Australie, la défense auriverde a pris l’eau en s’inclinant par trois fois devant Coulibaly. Le sélectionneur Emerson Ávila ne s’en est toujours pas remis. "Le numéro 19 a été extraordinaire, pas seulement aujourd’hui, mais dans chaque match de la Côte d’Ivoire jusqu’ici. On savait que ce serait compliqué de défendre sur lui et ça s’est vérifié puisqu’il a marqué trois buts", analyse le technicien brésilien.

Mais ce dernier n’oublie pas de souligner que l’efficacité de l’attaquant doit beaucoup à la qualité de ses complices. "Les attaquants ivoiriens sont d’excellents dribbleurs. Ils nous ont posé beaucoup de problèmes avec leurs actions sur l’aile. Ce sont des joueurs très rapides et puissants, qui provoquent sans cesse pour trouver des brèches", explique-t-il. La Côte d’Ivoire s’appuie en effet sur chacun de ses 11 joueurs. Même si pour le moment, un seul d’entre eux s’est chargé de convertir les occasions. FIFA, 28 juin 2011

Portrait

C’était hier… La meilleure performance ivoirienne en Coupe du Monde U-17 de la FIFA remonte à Canada 1987. À l’époque, les Eléphanteaux s’étaient classés troisièmes. Deuxième meilleure attaque du tournoi, la Côte d’Ivoire avait fait forte impression en s’adjugeant la première place de son groupe, avant de battre facilement le Qatar (3:0) en quart de finale. Malheureusement, ces bonnes dispositions offensives ne lui avaient pas permis de venir à bout de l’Union soviétique au tour suivant. Les Ivoiriens s’étaient consolés en s’imposant en prolongation contre l’Italie, dans le match pour la troisième place. En 2005, les Eléphanteaux ont effectué un parcours beaucoup plus discret : ils ont quitté le Pérou dès le premier tour, avec un point en trois matches.

Aujourd’hui La Côte d’Ivoire a fait forte impression tout au long de la CAN U-17 au Rwanda. Première du Groupe B, elle a notamment infligé un cinglant 4:1 à la Gambie, tenante du titre. Guy Stéphane Bédi termine quant à lui co-meilleur buteur du tournoi. Seule ombre au tableau, le jeune attaquant n’a pas su marquer au moment le plus important. Battus par le pays hôte en demi-finale (0:1), les Ivoiriens sont tout de même du voyage au Mexique.

Et après ? Le sélectionneur Alain Gouaméné souhaite aborder la Coupe du Monde U-17 de la FIFA avec un groupe inchangé. "L’ossature de l’équipe est déjà bien en place. Pendant la CAN U-17, mes joueurs ont prouvé qu’ils pouvaient évoluer à un très haut niveau. Ils ont l’expérience nécessaire pour s’imposer." Néanmoins, comme tous ses collègues africains, l’ancien gardien international gardera certainement un œil sur les nombreux jeunes qui évoluent en Europe.

Faits et chiffres
 Stars du passé Michel Bassolé (1987), Losseni Konaté (1987), Serge Kouadio (2005)

 Stars actuelles Severin Dje Yao (gardien), Jean-Noël Yobou Thomé (défenseur), Guy Stéphane Bédi (attaquant)

 La stat 13 - Comme le nombre de buts inscrits par la Côte d’Ivoire en neuf matches de Coupe du Monde U-17 de la FIFA.