Fabrice Nguessi Ondama, ailier droit de la sélection U-20 du Congo, fait partie de ces chanceux : vainqueur du Championnat d’Afrique des Nations U-20 2007, il a été élu Meilleur Joueur de la compétition congolaise.

Une sacrée gageure quand la concurrence avait le visage du Nigeria, de la Zambie ou du Burkina Faso. Un joli doublé pour un garçon qui rêve désormais d’embrasser une carrière professionnelle. "J’ai de suite dit à mon père que je préférais le football à tout autre chose. Je n’ai donc pas fait de longues études", précise l’enfant de Ouenzé, à Brazzaville, dans un entretien exclusif avec FIFA.com.

Dès 13 ans, le gamin issu d’une fratrie de sept enfants fait ses classes dans le petit club du Tout Puissant Mister. Après un an et demi de bons et loyaux services, il prend la direction de Pointe Noire, deuxième ville du pays, pour y intégrer le club de la Mancha. Mais loin de sa famille et de Ouenzé le jeune joueur est triste. "Ma ville me manquait", souligne t-il. Une saison après avoir fait plus de 500 kilomètres, le voilà effectuant donc le chemin inverse pour retrouver Brazzaville. Il signe alors pour l’Etoile du Congo. Une expérience difficile. Ses rapports avec le coach ne sont pas au beau fixe. "Le courant ne passait pas", regrette-t-il aujourd’hui.

Cette mésaventure aurait pu mettre un terme à sa carrière. Il cesse de jouer pendant un an... Puis le destin en décide autrement. Ses anciens dirigeants de la Mancha, le sachant inactif, lui tendent la main. Son grand frère Richard, véritable mentor, lui conseille de ne pas se disperser et de se concentrer sur ses objectifs. "Il me disait que je serais un grand joueur si je restais calme et travaillais sérieusement". A 17 ans donc, retour sur Pointe Noire et début de la belle aventure.

Les talents de la nouvelle recrue ne laissent personne indifférent. On lui fait confiance. Au cours de la saison 2006 il a l’audace d’évincer la vedette de l’équipe : "j’ai sorti le meilleur joueur et buteur de la Mancha", confie-t-il. Plus rien n’arrête le prodige qui en une demie saison fait trembler les filets adverses à 13 reprises. On l’affuble bientôt du surnom de nzambe na likolo ("Dieu fait des miracles en haut mais je suis le ‘Seigneur’ qui les réalise sur terre" en langue Lingala). Sa cote n’en finit pas de monter. Eddie Hudanski, le sélectionneur des U-20 congolais, est sensible aux qualités du joueur (1m78 pour 67 kg) et le convoque pour la CAN de la catégorie, organisée par le Congo. "Il est très explosif et technique, va vite avec le ballon et a le sens du but. Bon des deux pieds, il prend ses responsabilités devant le gardien avec beaucoup de sang froid", résume Hudanski.

Direction la Bretagne ? La compétition va révéler cet admirateur de Didier Drogba, qui compte déjà une sélection et un but chez les A. La constance de ses performances à la CAN - deux buts en match d’ouverture, passeur décisif en demi-finale et en finale - lui assure le titre de joueur de l’épreuve. "Je disais aux grands du quartier que je pouvais être le meilleur joueur", rappelle-t-il. De son côté, Eddie Hudanski pronostique "qu’il peut atteindre le très haut niveau parce qu’il a les qualités d’un attaquant moderne".

Ses belles prestations devant son public confirment les prophéties avancées. Des clubs européens ont déjà manifesté de l’intérêt pour le ‘Seigneur’. Le Stade rennais, le Paris Saint-Germain ou encore le Karlsruhe SC essaient de le convaincre de porter leurs couleurs dès la saison prochaine. Lui que son sélectionneur compare au Nigérian John Utaka, l’attaquant de Rennes, pourrait bientôt rejoindre son alter ego. Le Diable Rouge concède volontiers un faible pour la formation bretonne, élu meilleur club formateur de France en 2006 : "ma préférence va à Rennes car il y a beaucoup de jeunes et que je peux avoir une chance de sortir vite".

En attendant, la Coupe du Monde U-20 de la FIFA, Canada 2007. Une échéance que le Congolais de 19 ans sait très importante pour lui : "j’avoue un peu d’appréhension avant ce mondial car c’est le haut niveau". Malgré l’enjeu d’une première participation, il ne veut pas se mettre de pression particulière. "Je fais mon travail comme si de rien n’était". La décontraction qui l’habite ne l’empêche pas de nourrir de réelles ambitions collectives et individuelles : "je crois en la victoire finale car tout est dans le travail et le mental. Si je décroche le titre de meilleur buteur ou joueur, on va me suivre. Je travaille beaucoup pour cela car j’aime la concurrence". Et si le ‘Seigneur’ se muait en dieu du stade ? Source : FIFA, mai 2007