Après les footballeurs Ronaldo (Brésil) et Zinedine Zidane (France), l’attaquant international ivoirien de Chelsea, Didier Drogba, agée de 28 ans, est nommé ambassadeur itinérant du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD - ONU).
L’ex-diplomate canadien Robert Fowler, qui a passé 130 jours en captivité au Niger, entre les mains d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), juge que le Canada doit faire beaucoup plus pour aider l’intervention militaire française au Mali, au moment où le ministre des Affaires étrangères convoque une réunion diplomatique majeure. Selon lui, l’appareil de transport stratégique CC-177 Globemaster III que le gouvernement canadien met à la disposition des troupes françaises est bien peu. Il souhaite une intervention plus directe du Canada sur le terrain.
« Je suis ravi de voir que le gouvernement a répondu si vite avec un avion pour une semaine. Mais je sais que nous pourrions faire beaucoup plus. Et je suis déçu que les Britanniques et les Américains songent à faire beaucoup plus pour venir en aide à leur allié français, mais pas nous », dit-il en entrevue à Radio-Canada. Selon lui, l’urgence et la gravité de la situation commandent une intervention musclée.
« Ces groupes islamistes veulent créer une zone d’anarchie, de l’Atlantique à l’océan Indien, dans une bande de 8000 km. Cela va créer un désastre humanitaire devant lequel nous ne pouvons pas rester insensibles. Une fois établis dans cette zone, ils vont continuer à recruter des djihadistes pour continuer leur lutte contre nous, ils le disent très clairement », poursuit l’ex-diplomate.
Le chef de la diplomatie canadienne, John Baird, accueillera les ambassadeurs de la France, du Mali et du bloc économique de l’Afrique de l’Ouest pour des discussions aux bureaux des Affaires étrangères à Ottawa, mercredi après-midi. Le ministre Baird a demandé à son ambassadeur en poste à Bamako de faire pression sur les autorités maliennes pour restaurer la démocratie. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Rick Roth, a indiqué à l’AFP que l’ambassadeur Louis de Lormier fera une démarche formelle auprès des responsables maliens pour leur demander de « tenir des élections libres et honnêtes dès que ce sera pratiquement possible ». « Le coup d’État de mars 2012 a sapé le progrès de la démocratie au Mali et a offert aux extrémistes islamistes une opportunité qui a eu des conséquences désastreuses », a souligné M. Roth.
Devant la possibilité de voir les soldats canadiens retourner en zone dangereuse, l’opposition officielle à Ottawa reste quant à elle prudente. « Oui, nous appuyons le fait d’envoyer cet appareil-là [un avion-cargo parti mardi], on veut qu’on fasse intimement partie du processus devant les Nations unies parce qu’il s’agit d’abord et avant tout d’un travail de droit international avec les institutions internationales », affirme le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair.
Dans ce contexte, le Canada pourrait offrir son aide en minimisant les risques sur le terrain, juge de son côté le brigadier-général Gaston Côté, retraité des Forces canadiennes. « La contribution canadienne minimale qui pourrait se faire sans impliquer des forces terrestres directement au combat serait d’aider au point de vue de tout ce qui manque dans la majorité des contingents africains, c’est-à-dire les communications, la logistique et l’entraînement », dit-il.
Lundi, le premier ministre Stephen Harper avait précisé que les membres des Forces canadiennes ne participeraient à aucune intervention directe contre des forces rebelles au Mali.
L’avion canadien en route L’avion-cargo canadien qui transportera du matériel militaire pour la France vers le Mali a décollé en mi-journée mardi de la base de Trenton, en Ontario, à la suite d’un retard dû à un problème technique. L’équipage de cet appareil de transport stratégique CC-177 Globemaster III doit se rendre à la base aérienne de l’Armée de l’air française située près d’Istres, au nord-ouest de Marseille. Le décollage a été retardé de plusieurs heures en raison de la décision de la Défense nationale de changer d’appareil. Le ministre de la Défense, Peter MacKay, a rappelé que cette aide logistique, qu’il a qualifiée d’essentielle et de nécessaire, devait durer une semaine. Il a exprimé sa fierté de venir en aide à l’allié français dans cette cause. L’aide canadienne fait suite à une demande d’assistance formulée par le gouvernement français au sujet du transport d’équipement lourd par voie aérienne vers Bamako, qui ne fait pas partie de la zone de combat.
CC-177 Le Canada possède quatre avions de transport CC-177 Globemaster III, qui ont été livrés en 2007-2008. Ces avions peuvent transporter jusqu’à 102 parachutistes et 72 000 kg (160 000 livres) de matériel. Le CC-177, qui peut parcourir de longues distances, a la capacité d’atterrir sur des pistes courtes et isolées. Cet avion a notamment servi pour la mission canadienne en Afghanistan aussi bien pour le transport des troupes que pour le ravitaillement.
Des groupes liés à Al-Qaïda ont pris le contrôle du nord du Mali et ont fait des avancées vers le sud. Selon les Nations unies, des dizaines de milliers de civils ont fui les zones de combat. La France a commencé des frappes aériennes la semaine dernière contre les rebelles armés et tente de freiner leur progression. Radio-Canada avec Agence France-Presse et La Presse Canadienne, 15 janvier 2013
Enfin arrivée à Bamako, la capitale malienne en état de crise permanente depuis le coup d’État mené en mars 2012 par des officiers qui n’en pouvaient plus de voir leurs troupes se faire massacrer dans le nord du pays. Depuis janvier 2012, une rébellion touarègue, appuyée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et Ansar Dine, un groupe de touaregs et d’islamistes devenus djihadistes, écrasait une à une les défenses de l’armée malienne, gangrenée par la corruption. Les putschistes, dirigés par le capitaine Sanogo, ont évincé du pouvoir un président démocratiquement élu qui prenait sa retraite de la vie politique un mois plus tard. Ils avaient urgemment besoin, disaient-ils, d’équipement et de munitions pour combattre la rébellion au nord. Mais ils ont trouvé des garnisons vides.
Et ils ont pris goût au pouvoir… qu’ils détiennent toujours, même s’ils sont censés l’avoir cédé à un gouvernement de transition. Il y a un mois, les militaires ont « démissionné » le premier ministre en pleine nuit, à la pointe du fusil, pour en nommer un autre. Or, pendant qu’à Bamako on se tiraillait le pouvoir politique, fin mars 2012, les rebelles ont profité du vide pour conquérir, en moins d’une semaine, les trois principales villes du nord-est du pays, Kidal, Gao et Tombouctou. Les militaires ont fui sans aucune résistance, laissant 1,5 million de Maliens aux mains de groupes armés qui règnent par la terreur, depuis avril, sur un territoire grand comme la France et la Belgique. Le 4 avril dernier, les rebelles touaregs déclaraient l’indépendance de ce territoire, l’Azawad. Mais le Mouvement de libération de l’Azawad (MNLA), un mouvement nationaliste laïc, s’est fait rapidement confisquer sa victoire par les « complices » islamistes. Le lendemain, un des chefs d’AQMI, Moktar Belmoktar, était à Tombouctou. Le drapeau national touareg, hissé la veille au-dessus de la mairie, a été remplacé par le drapeau noir des salafistes.
Les Touaregs, qui ont des revendications historiques ancrées dans une persécution réelle, se sont repliés sur Gao, d’où ils ont été évincés en juin par un nouveau groupe d’islamistes armés, le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). C’était le début de la grande noirceur. Les djihadistes ont imposé sur plus de la moitié du Mali une charia qui ampute les mains et les pieds de présumés voleurs, marie des fillettes de 10 à 12 ans, les viole en groupe, transforme des enfants en soldats d’Allah, fouette les femmes qui oublient de porter le voile intégral. Cet islam intégriste est une agression terrible pour les Maliens, qui sont en général des musulmans à la fois pieux et modérés, tolérants, ouverts sur le monde. Les hommes d’AQMI ne cachent pas leurs ambitions de vouloir imposer ce mode de vie, par la force, à tous les pays du Sahel, de l’Atlantique à l’océan Indien. Du Sénégal et de la Mauritanie jusqu’à Mogadiscio, en passant par le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Soudan et l’Éthiopie.
Les combattants d’Al-Qaïda ont accompli au Mali ce qu’ils n’ont pas réussi ni en Afghanistan ni en Somalie : ils ont pignon sur rue, ils ont maintenant un pays, un territoire immense en plein cœur de l’Afrique. Si l’offensive de l’armée française, depuis vendredi, en a surpris plusieurs, c’est plutôt les tergiversations qui perdurent depuis avril qui ont étonné la plupart des observateurs éclairés. Les États qui ont fait de la lutte au terrorisme le pilier de leur politique étrangère, depuis le 11 septembre 2001, avaient-ils le choix de ne pas intervenir ? L’appui rapide, le week-end dernier, de la Grande-Bretagne et des États-Unis à l’offensive française ne fait aucun doute sur l’importance accordée à cette menace. Si la France n’est pas intervenue dès le printemps dernier, c’est sans doute que le pays était alors au beau milieu d’élections présidentielles. Si les États-Unis n’ont pas lancé une attaque de drones, sérieusement envisagée par la Maison-Blanche en septembre après la mort de son ambassadeur en Libye, aux mains d’Al-Qaïda, c’est sans doute que les Américains étaient à leur tour en pleines élections présidentielles.
Le Canada fera-t-il davantage qu’envoyer un avion CC-17 pour le transport d’équipement français de Paris vers Bamako ? Le gouvernement canadien a investi annuellement plus de 100 millions de dollars au Mali, 110 millions en 2011, pour être précis. Le Canada a investi cet argent pour aider au développement du Mali. L’islam haineux imposé par les djihadistes depuis neuf mois est plutôt un retour à l’âge des ténèbres. Certains diront qu’Ottawa a déjà assez dépensé au Mali, qu’il vaut mieux arrêter la saignée maintenant. D’autres, comme Robert Fowler, l’ancien diplomate canadien kidnappé par AQMI au Niger, jugent au contraire que ne rien faire équivaut à jeter par la fenêtre les centaines de millions déjà dépensés. Qu’il faut intervenir pour sauver l’investissement canadien.
Stephen Harper a répété lundi : « Le Canada n’envisage pas d’intervention militaire directe. » Cela laisse la porte ouverte à un appui logistique, comme l’envoi du CC-17. Les militaires canadiens sont aussi au Niger, tout près du Nord malien, à former des troupes qui iront bientôt combattre au front. Une aide « indirecte » qui permet au gouvernement fédéral de jouer sur les mots. Cela permet au premier ministre Harper de rassurer, d’un côté, une opinion publique réfractaire. Et de l’autre, de dire aux alliés que l’on contribue, même minimalement, à l’effort de guerre.
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