De source bien informée, les élèves du collège Maturité de Bépanda à Douala, ont commencé à manifester les signes de l’hystérie deux jours avant la journée fatale de mercredi. Et nombre d’élèves avaient promis de manifester ce jour-là.
L’information est donnée aussi bien de la part des parents des premiers élèves tombés dès lundi de la semaine dernière, que du centre médical à côté de l’établissement qui avait reçu les premières victimes. Au total donc, deux élèves sont tombés lundi et trois autres mardi. Le centre médical qui a accueilli ces patientes (toutes des filles) a été interdit d’accès aux élèves qui voulaient en savoir plus sur ce phénomène qui se manifestait pour la première fois dans leur établissement. Face à ce refus, la rumeur et la colère sont montées d’un cran. "On veut vendre les enfants d’autrui !", raconte-t-on.
Dès mardi soir, des enfants qui se retrouvaient par groupuscules essayaient de concevoir une riposte face au phénomène. Il était donc question pour ceux qui étaient mis au parfum des conclusions des concertations, d’empêcher les cours au sein de l’établissement le lendemain. Expliquant le fait que la transe concernait plusieurs élèves à la fois, le Dr Jean Louis Jon, psychiatre à l’hôpital Laquintinie, indiquait plusieurs aspects concouraient à déclencher le phénomène.
"Il y a d’abord la peur de mourir qui habitait certains élèves, la rumeur parcourue faisant état que les responsables de l’établissement voulaient tuer les élèves. Il y a également la peur des examens puisque les compositions avaient débuté dans ce collège. Et finalement, il y a la délinquance. Cette situation arrangeait certains élèves qui n’avaient pas encore payé leur pension. Et d’autres même avaient détourné l’argent que les parents leur avaient remis à cet effet ".
Selon le spécialiste, il s’agit simplement d’une hystérie qui n’est pas un phénomène nouveau.
Hystérie
Les symptômes de l’hystérie simulent la pathologie organique pour laquelle aucune anomalie physique (en particulier neurologique) n’existe. L’association de manifestations permanentes ou récurrentes, fréquemment des paralysies, des troubles de la parole ou de la sensibilité et d’autres transitoires, crises pseudo-épileptiques, comas, psychogènes constituent la forme classique de cette maladie.
D’après le médecin, ces symptômes sont très souvent associés à un trouble de la personnalité marqué (théâtralisme, personnalité, histrionique). Les phénomènes caractéristiques de l’hystérie sont susceptibles d’être reproduits par autosuggestion de l’hystérie, indissociable de sa représentation sociale. Cela a beaucoup évolué avec les progrès théoriques que son étude a suscités et la psychiatrie moderne préfère la notion de troubles somatoformes. Celles-ci désignent les symptômes physiques qui ne peuvent s’expliquer par une affection médicale générale.
Le terme d’hystérie vient du médecin grec Hippocrate, qui inventa ce mot pour décrire un concept qu’il apprit des Égyptiens. L’hystérie fut par la suite étudiée par la psychanalyse, en tant que modèle de la névrose. Cette approche en distingua les affections psychosomatiques qui ne répondent pas à une organisation névrotique. Le terme psychosomatique désigne une relation de l’esprit au corps, un trouble psychique pouvant se répercuter sur la santé physique.
L’hystérie est une affection qui a fait l’objet de toutes les attentions depuis quasiment la nuit des temps. Seule a survécu la "personnalité histrionique", qui possède plusieurs caractéristiques parmi les suivantes : un égocentrisme très important ; un besoin de reconnaissance par les autres, qui passe par un besoin de susciter l’intérêt et attirer l’attention ; une "théâtralisation" de ses réactions (la personne se met en scène) et une exagération des émotions ; une utilisation de la séduction dans les rapports sociaux... Ainsi, un trouble essentiellement lié a un besoin de reconnaissance dans ses relations sociales.
Des symptômes très variés
Mais l’hystérie "classique", telle que de nombreux psychiatres la considèrent encore, est plus complexe qu’un "simple " trouble de personnalité. Il s’agit, dans la plupart des cas, d’une somatisation d’une angoisse ou d’un traumatisme psychologique. Une source d’anxiété va provoquer, de manière inconsciente, des symptômes très variés : crises de nerfs ; crises de tétanie ; Spasmophilie ; douleurs, vomissements ; syncopes... Parfois, il ne s’agira pas de troubles apparaissant par crises, mais de problèmes s’inscrivant dans la durée : problèmes de sensitivité, troubles de l’audition, amnésies. Dans tous les cas, le retentissement dans les rapports sociaux et sur la vie de couple en particulier est important.
Les hommes aussi
L’hystérie masculine existe. Certes, elle est moins fréquente que la version féminine : un homme pour neuf femmes, selon certains spécialistes. Elle se manifeste de manière différente. Car, ici, la volonté d’attirer l’attention et le besoin de reconnaissance entraînent d’autres manifestations : consommation d’alcool, exacerbation des attitudes "viriles". L’homme sera souvent isolé. On retrouve régulièrement une hypocondrie, c’est-à-dire des inquiétudes récurrentes sur son état de santé. L’hystérie peut s’accompagner de divers problèmes sexuels, tel que les troubles de l’érection et l’éjaculation prématurée. Source : Cameroon One